Flashback









  

:: Jamie Bamber ::
:: Battlestar Galactica ::

"Lee Adama a une place importante dans mon cœur."

Propos recueillis par Laurent De Groof © (novembre 2016).


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Cine-Files : Vous avez déjà joué des personnages très différents. Duquel êtes-vous le plus fier ?

Jamie Bamber : Si je devais choisir, je dirai certainement Apollo dans Battelstar Galactica parce que c’est le seul personnage que j’ai interprété aussi longtemps. Il représente cinq ans de ma vie. J’étais jeune à cette époque. C’était une expérience qui m’a appris à travailler avec des scénaristes et des réalisateurs. J’avais très peu d’expérience à ce niveau. J’ai gagné beaucoup de confiance en moi. Je n’avais jamais pu approfondir un personnage sur une si longue période de temps auparavant. Apollo a énormément changé au cours de la série. J’ai pu le redéfinir à plusieurs occasions. Ce n’était jamais ennuyant. L’histoire était complète. Il y avait de l’humour, de l’aventure ainsi qu’un côté politique plus sérieux. C’était complet. C’est mon préféré mais il y a aussi d’autres rôles qui me restent collés à la peau comme X dans Smoke. A nouveau, c’est un personnage extrêmement complexe. C’est un pompier qui est gravement brûlé qui, par la force des choses, est obligé de retourner travailler. Il a perdu tout respect de lui-même. C’est une histoire de relations superbement écrite. J’ai aussi interprété un invité mystérieux dans Money. Il a les réponses aux secrets à tous les habitants d’une maison. C’est un rôle très théâtrale. C’était très amusant. Chacun de mes rôles est différent et j’en suis très fier. Pour la plupart… (rires) Je suis un éternel insatisfait qui veut toujours en faire plus. Lee Adama a une place importante dans mon cœur.

Cine-Files : Etait-il difficile de quitter le personnage de Lee Adama ?

J. Bamber : Non, en tous les cas pas à l’époque parce que j’étais jeune et je m’attendais à ce qu’on me propose pleins de nouvelles opportunités. J’avais aussi l’impression qu’on avait fait tout ce qui était possible avec le personnage. A la fin de la série, j’étais prêt à passer à autre chose. Maintenant, j’ai compris ce que E James Olmos disait que cette expérience était unique. Il était très triste, pour nous les plus jeunes, que nous ne puissions pas retrouver une telle opportunité. J’ai été proche de retrouver une telle chance, notamment avec Smoke, mais cela n’a jamais continué. Il avait raison, je n’ai jamais pu retravailler sur un projet similaire.

Cine-Files : La série était très avant-garde. Elle a beaucoup changé l’univers télévisuel avec sa musique, sa mise en scène et ses sujets philosophiques. Avez-vous eu l’occasion de débattre de tout cela avec les autres comédiens ?

J. Bamber : Oui, nous avons vécu cette série ensemble pendant cinq années. On se retrouvait généralement le dimanche soir en famille chez l’un ou l’autre pour un barbecue. On finissait toujours les soirées par discuter de la série et de l’histoire. Ce qui finissait toujours pas énerver nos proches. Cela les rendait fou. C’était extraordinaire de pouvoir discuter de sujets aussi controversés. Nous étions passionnés par l’histoire et son impact sur nos personnages. Nous en débattions. Les idées partaient dans tous les sens. L’un des meilleurs moments fut certainement lorsque Ron en début de première saison a émis cette notion de monothéisme de la part des cylons, qu’il a transformé ensuite en personnages évangéliques. Des sujets comme ceux-ci sont intoxicants. Aux Etats-Unis, des thèmes comme la croyance en un Dieu unique sont très forts. C’était très novateur de transformer une intelligence artificielle en méchant. Cela poussait les gens à la réflexion.

Cine-Files : Au début, la série a connu de nombreuses critiques disant qu’elle était trop éloignée de l’original.

J. Bamber : Apollo était différent mais pas aussi drastiquement que Starbuck. Katee a tout pris. Elle recevait des menaces de mort. Les gens réagissent toujours lorsque vous essayé de changer les choses mais cela prouve que vous êtes sur la bonne voie. Si une nouvelle idée est novatrice, elle va d’office solliciter des réactions, bonnes ou mauvaises. J’ai lu de très mauvais articles à mon sujet mais c’était loin d’être comparable avec les messages de haines qu’a pu recevoir Katee. Starbuck est pourtant devenu avec le temps le personnage le plus apprécié de la série. L’interprétation de Katee était incroyable mais les scénaristes savaient ce qu’ils allaient faire avec le personnage. Ils ont créés un personnages à plusieurs facettes. Un homme sexiste n’est pas aussi intéressant qu’une femme. Les scénaristes ont joué avec le sexe des personnages autant que sur la religion, le terrorisme, les engagements politiques. Ils ont repoussés certaines frontières comme le parallèle entre la résistance et le terrorisme. Ils essayaient constamment de mettre le spectateur mal à l’aise. Ce qui nous force à faire face à nos propres préjugés, nos idées préconçues du bien et du mal dans le monde. Il faut comprendre que le bien ou le mal n’existe pas. Il n’y a que des réactions compliquées à des situations complexes. Des intentions et des actions n'ont pas toujours le même effet. Je crois que les spectateurs ont apprécié la complexité de la série à une époque où notre point de vue sur le monde est souvent simpliste. Battlestar Galactica a certainement changé le monde de la télévision. La série est apparue au tout début des chaînes câblées. Nous avons eu un énorme impact pour une petite chaîne.

Cine-Files : Comme vous le dites, le succès de la série est également une question de timing. Caprica ou Blood and Chrome n’ont pas connu un succès aussi réticent malgré ses atouts indéniables…

J. Bamber : Oui. C’est étrange. Je crois que la qualité était présente. Mais dans ce milieu, tout n’est pas toujours une question de qualité. C’est aussi un moment, une manière de promouvoir. Aurions-nous connu le même succès si nous avions été sur FX cinq ans plus tard face à Walking Dead ou Breaking Bad ? Je ne sais pas. Je crois que notre série est aussi bonne que les autres. Battlestar a connu son moment d’extase lorsque nous étions en couverture de Rolling Stones, Time Magazine, etc Nous avons ressenti la gloire mais ce n’était pas comparable à l’attention donné à certaines séries d’aujourd’hui.

Cine-Files : Vous avez aussi joué dans la série Star Trek Continues… Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

J. Bamber : J’étais fan de Star Trek dans ma jeunesse mais je n’ai jamais été un trekkie. Enfant, je n’étais pas particulièrement attiré par la science-fiction. J’ai plutôt développé ce goût dans mon adolescence. J’appréciais Star Trek mais j’étais fan de Star Wars. (rires) Mon implication dans Star Trek était avant tout personnelle. Je connaissais Vic Mignona qui interprète le Capitaine Kirk et qui produit la série. Il m’a demandé si je pouvais jouer dans un épisode et j’ai accepté. Le tournage n’a duré qu’une journée. C’était près de chez moi à Hollywood. Lorsque je vois quelqu’un d’aussi passionné et investit que Vic, je me sens incapable de refuser de l’aider à accomplir son rêve. Si il juge que m’introduire dans une scène et me tuer aussi vite peut lui apporter une certaine visibilité, pourquoi pas ? (rires) Ce qu’il fait est extraordinaire. Il fait ce boulot par amour et c’est génial.

Cine-Files : Vous avez une double nationalité. Est-ce un atout dans le métier ?

J. Bamber : Cela rend les choses plus facile à certains niveaux. Par exemple, je n’ai pas besoin d’avoir un permis pour travailler aux Etats-Unis. Je peux travailler partout en Europe en tant que britannique. En espérant que nous n’allons pas être totalement séparés de l’Europe. (sourire) Je peux donc travailler sur les deux plus gros continents anglophone sans devoir croulé sous la paperasserie. A côté de cela, je suis constamment pourchassé par les impôts de pays différents. Je dois donc engager plusieurs comptables. (rires) Non, j’adore travailler aux Etats-Unis et en Europe. Je suis béni de pouvoir passer de l’un à l’autre.

Cine-Files : Est-ce vrai qu’aux Etats-Unis, ils n’engagent que des acteurs britanniques pour jouer les méchants ?

J. Bamber : (rires) Non, ce n’est pas toujours le cas. Mais je dois avouer que lorsque j’utilise mon accent anglais, les américains ont tendance à me choisir pour un méchant snob ou un séducteur à la Hugh Grant. Tout le monde a ses stéréotypes. Les britanniques ont toujours fait de très bons méchants grâce à leur passé dans le théâtre. Nous avons tendance à pouvoir incarner des personnages plus grand que nature. Je ne prétends pas comprendre pourquoi mais c’est ainsi.

Cine-Files : Quel est la suite pour vous ?

J. Bamber : Je viens de terminer le tournage d’un film français, L’Embarras du Choix avec Alexandra Lamy et réalisé par Eric Lavene. Ce fut l’une des meilleures expérience de ma vie et j’ai de très hautes attentes par rapport à ce film. J’ai adoré travailler en France et en français. Il sortira en mars 2017. J’aimerais beaucoup pouvoir jouer davantage en français. Je viens aussi de jouer dans un drame pour la télévision britannique, Fearless avec Michael Gambon. Au-delà de cela, je ne sais pas trop ce que me réserve l’avenir.

Cine-Files : Seriez-vous intéressé de reprendre le rôle du Doctor Who ?

J. Bamber : Je sais qu’il devrait bientôt être disponible mais je n’y crois pas trop. (rires)

  
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